Les versions V8 et V9 du guide de lecture du référentiel national qualité « Qualiopi » ont apporté un certain nombre de précisions sur les modalités d’audit. Ainsi, si certaines précisions ne « sautent pas aux yeux » à première lecture, elles préfigurent souvent des niveaux d’exigence plus élevés. Une attention particulière est à porter aux rubriques de chaque indicateur, telles que « niveau attendu », « obligations spécifiques », les « NB » et sans oublier le glossaire en fin de document.
Ainsi, la version 8 (réintégrée en totalité dans la V9 venue ajouter le thème de la sous-traitance) a accru le niveau des attentes pour l’obtention ou le maintien du label Qualiopi. Il en est plus particulièrement pour ce qui concerne le process d’évaluation des bénéficiaires tout au long de leur parcours de formation. Elément au cœur de métier du formateur, ce dernier doit faire l’objet d’une ingénierie pédagogique structurée, partant des prérequis, passant par un positionnement au regard d’objectifs évaluables en termes d’aptitudes ou de compétences, suivant une procédure définie en amont et matérialisée par des outils.
Le process d’évaluation des bénéficiaires relie entre eux plusieurs indicateurs du référentiel, à savoir les n° 1 (information sur les objectifs de la formation), 5 (objectifs), 8 (positionnement), 11 (évaluation des acquis) et 13 (évaluation des acquis dans le cadre de l’alternance pour les contrats d’apprentissage et de professionnalisation). Il impacte indirectement d’autres indicateurs : 6 (modalités adaptées aux objectifs définis en fonction des bénéficiaires), 17 (moyens d’évaluation), 19 (ressources pédagogiques – tests, sujets – exercices…), 21 (compétences des formateurs en matière d’évaluation), 27 (le sous-traitant peut avoir pour mission d’évaluer la progression des bénéficiaires) et enfin 32 (le questionnement des modalités d’évaluation mises en œuvre peuvent donner lieu à une ou plusieurs actions d’amélioration continue), ce qui peut se visualiser suivant le schéma suivant :
Cette vision globale forme un processus qui traverse les 7 critères du référentiel. Il convient également de s’intéresser aux spécificités en termes de niveaux attendus pour chacun des indicateurs concernés notamment par des annotations complémentaires apportées aux versions 8 et 9.
L’indicateur 1 est complété par des définitions contenues dans le glossaire, à la rubrique des objectifs, caractérisés par des aptitudes et compétences visées et évaluables. Nous remarquons au passage que le mot « aptitude » figure en gras dans le texte. Cela nous invite à considérer que l’évaluation des aptitudes constitue une base à minima, attendue et donc incontournable.
L’aptitude est définie comme la capacité d’appliquer et utiliser un savoir-faire pour réaliser des tâches ou résoudre des problèmes. Le formateur pourra, à ce niveau, estimer qu’au regard des résultats de son évaluation, le bénéficiaire est ou n’est pas apte à réaliser une tâche ou une résolution de problème, en lien avec un geste ou une situation professionnelle donnée.
La compétence nous conduit plus loin puisqu’il s’agit d’une capacité avérée de mise en œuvre dans des situations de travail. Evaluer des compétences implique généralement des simulations ou des mises en situations professionnelles directes ou différées. Le formateur, en tant qu’évaluateur, constate l’exercice effectif par le bénéficiaire d’un savoir-faire appliqué à une situation de travail définie en amont et généralement mise en scène ou reconstituée.
Il faut comprendre de cela que l’évaluation portera à minima sur des aptitudes, ou plus sur des compétences impliquant alors des situations de travail réelles ou reconstituées. On comprendra que la démonstration d’une compétence suppose de fait l’aptitude correspondante.
L’indicateur 5 précise en termes de niveau attendu, que les objectifs doivent pouvoir faire l’objet d’une évaluation, ce qui nous renvoie sur les indications évoquées ci-dessus et portées au glossaire.
Les modalités d’évaluation mises en œuvre du début à la fin de la formation doivent être définies dès la conception même de la formation. Le processus d’évaluation nécessite (Cf. indicateur 11, Nota-Bene) une procédure définie et matérialisée par des outils. Il est évidemment attendu que cette procédure d’évaluation englobe le positionnement réalisé lors du parcours d’admission ou en début de formation (indicateur 8). La procédure de positionnement ne peut se limiter à la seule vérification de la maîtrise de prérequis, laquelle conditionne uniquement l’accès à la formation destinée. Elle est à construire au regard des objectifs de la prestation, en vue d’adapter celle-ci au profil de chaque bénéficiaire (Cf. glossaire indicateur 8).
De son côté, le formateur aura pris soin d’intégrer les temps d’évaluation dans son déroulé pédagogique et prévoir les moyens matériels, pédagogiques, nécessaires à leur mise en œuvre (indicateurs 6, 17 et 19 qui ne présentent pas de nouveautés particulières depuis la version 7)
Par l’analyse de l’expérience de la prestation en cours ou réalisée, le prestataire, avec le formateur pourront ainsi évaluer les améliorations à apporter à la prestation (vue ici sur le seul plan de l’évaluation des bénéficiaires) pour son éventuel renouvellement. La montée en compétences permanente du formateur nous a paru sur ce point opportune, d’autant plus que le prestataire doit s’assurer des qualifications et des compétences requises pour la réalisation des prestations délivrées (indicateur 21, inchangé depuis la version 7). De même, si l’action fait appel à des intervenants dans le cadre d’une sous-traitance, il conviendra pour le prestataire de s’assurer de la bonne réalisation des missions confiées définies dans la convention de prestation de services (Cf. préambule du guide de lecture V9).
Enfin, le recueil et l’analyse des données issues des différentes sources (bilan de la prestation, veille, gestion des aléas, satisfaction des parties prenantes, et bien sûr des résultats au regard des objectifs visés) feront l’objet d’une ou plusieurs lignes du plan d’amélioration continue du prestataire (indicateur 32) permettant ainsi le rebouclage nécessaire en vue de prochaines prestations à renouveler ou à concevoir.